Ghost

Un scénario Casus Belli pour POLARIS

 

Ce scénario peut servir d'amorce à une campagne. Il s'adresse à un groupe de 4 à 6 indépendants, disposant d'un petit bâtiment et sachant réfléchir avant de plonger dans les ennuis. Le maître de jeu doit s'attendre à improviser et devrait avoir un peu de bouteille. Les mentions "p. XX" font référence aux règles de "Polaris" (2ème édition).

 

Acte I - Les 24 heures de Tankilghan :

 

Canal 27 News :

" Encore un convoi attaqué aujourd'hui. Faute de médicaments, la situation de Zuigwald, où la fièvre rouge poursuit ses ravages, devient dramatique. Monsieur Bremen, du Fond mondial de développement humanitaire, s'est refusé à tout commentaire...

L'Hégémonie refuse toujours de participer à la conférence mondiale pour le futur de l'humanité, tout comme d'ailleurs la Ligue rouge, les États du Rift et la Confédération d'Enderby. Le culte du Trident ne désespère cependant pas de trouver un accord...

Sans transition, les sports : aujourd'hui, retransmission intégrale des 24 Heures de Tankilghan, où quatorze équipes s'affrontent dans un train d'enfer sur la célèbre boucle de 40 kilomètres ! Ne manquez pas la course d'endurance la plus célèbre du monde, en direct sur Canal 27, le seul média qui traite des événements en profondeur ! "

 

En piste !

Seize heures déjà que les bolides s'affrontent dans le silence des abîmes. Décidément, cette course n'a rien d'une partie de plaisir. Comment Ron Tylers, un vieil ami, a-t-il réussi à entraîner les PJ sur ce coup ? Goût du risque ? Challenge sportif ? Avidité face à la prime offerte aux vainqueurs ? Quoi qu'il en soit, nos héros forment le "Team 13 ".

Selon leurs capacités, ils sont pilotes, mécanos, navigateurs rivés aux écrans dans les stands, attachés de presse, chasseurs de sponsors, directeurs de course, voire, pourquoi pas, " espions " chargés de découvrir les atouts cachés des autres équipes (dans les limites du raisonnable tout de même...).

Tankilghan est une petite communauté sans histoire, située à environ quatre jours de voyage au sud d'Équinoxe. Totalement indépendante, ses membres exploitent paisiblement quelques fermes sous-marines. On peut comparer l'endroit à une grande banlieue tranquille où il ne se passe jamais rien. Histoire de faire bouger les choses, le chef de station a eu l'excellente idée d'organiser une gigantesque et très médiatique course d'endurance annuelle, en collaboration avec l'Aquaracing Club Atlantique.

Pour ceux qui ne se sentent pas inspirés par ce remake des 24 Heures du Mans, la lecture de quelques albums de la BD " Michel Vaillant " ou la location des films Le Mans ou Jours de tonnerre est plus que recommandée.

Le circuit est une boucle d'une quarantaine de kilomètres, sinuant dans les canyons bordant la station. L'ensemble est extrêmement tortueux et exige des jets de Pilotage de difficulté variable. Et, histoire de donner du piment à la course, les organisateurs ont installé quelques " pièges " supplémentaires.

Un ingénieux système projette aléatoirement des torpilles ionisantes qui perturbent les commandes (sans têtes chercheuses, esquive néanmoins acrobatique) sur la seule ligne droite du parcours. Si elles ne sont pas à proprement parler dangereuses, l'impact augmente la difficulté de pilotage pendant 1D10 minutes.

Non loin de l'arrivée, un champ énergétique se déclenche automatiquement tous les sept passages de véhicule. Le pilote doit stopper pour 1D10 minutes. Il est possible de l'éviter en empruntant un passage secondaire extrêmement étroit (deux véhicules de front, pilotage difficile, dépassement quasi suicidaire).

Enfin, la partie sud du circuit emprunte un réseau de cavernes cachant un tourbillon intermittent. Il y a 25 % de chances qu'il se déclenche (voir p. 178).

Les adversaires du Team 13 forment l'aristocratie des courses d'endurance et pilotent les fameux sous-marins monoplaces Tritons, de véritables petits bolides rapides et maniables. Ces hommes sont des professionnels aguerris qui baignent dans le milieu des compétitions depuis longtemps. Dans l'ensemble, ils forment une grande famille avec leurs " tronches " pittoresques et leurs brebis galeuses. Mais quand le Grand Cirque démarre, les amitiés et les rancśurs restent aux vestiaires...

Organisez à votre guise les seize premières heures de course en imaginant une multitude de petites intrigues secondaires. Ainsi, par exemple, une panne imprévue nécessitant une " réparation chatterton " peut avoir lieu, un adversaire peut se révéler un peu plus " viril " que la moyenne, une fan pour le moins collante trouble la concentration de l'équipe de soutien, etc.

De plus, il est important pour la suite du scénario qu'un individu soit vu en grande conversation avec Ron, l'ami des PJ. L'entretien tourne court assez vite. Arrangez-vous pour que les personnages assistent de loin à la scène sans pour autant trop insister dessus. S'il est interrogé sur le sujet, Ron reste évasif, tout à sa concentration pour son prochain relais. Les PJ ayant eux aussi probablement légèrement " magouillé " du côté des autres écuries, l'affaire en reste là.

 

Le drame :

 

Seizième heure de course. Ron Tylers aborde maintenant à pleine vitesse la ligne droite et rattrape Bob Dupré, un jeune et sympathique pilote du Team 4. La lutte est féroce en abordant la ligne droite. Les rugissements de la foule debout face aux holoécrans couvrent le hurlement des navigateurs dans les stands. Torpille lâchée ! La foule salive d'avance. Impact... et monstrueuse explosion ! Les spectateurs qui hurlaient de joie réagissent avec quelques secondes de retard, grand silence. La course est stoppée et les premiers véhicules de secours s'élancent. Que s'est-il donc passé ?

Les deux pilotes sont immédiatement transférés à l'hôpital central. Dupré meurt dès son arrivée. Tylers, quant à lui, souffre de fractures internes multiples et est dans le coma. Chances de survie : 1 sur 100000... Début d'une longue attente.

Les autres pilotes, en accord avec les organisateurs, ont unanimement décidé d'interrompre la course. Les médias assaillent littéralement l'accueil. Une reporter ingénieuse parvient même jusqu'à la salle où sont réunis les PJ et quelques officiels en empruntant un conduit d'aération. Seul petit problème : elle est coincée dans la gaine et ne parvient pas à en sortir. Intervention de la sécurité, éternel couplet sur la liberté de la presse, expulsion de l'emmerdeuse, fin de l'incident.

L'état de Tylers est désespéré. C'est clair, il ne s'en sortira pas, même s'il reprend momentanément conscience grâce aux soins d'une équipe de médecins très compétente (pour l'ambiance, imaginez une version high-tech de la série Urgences). D'une voix faible, il demande à parler à un PJ. Maigre sourire, souffle court. Quelques mots chuchotés : " Le Ghost, Foxy... ". Spasme de douleur, ultime crispation. C'est fini...

Les officiels ont, bien entendu, immédiatement demandé une enquête et la police a organisé une vaste rafle de tout ce qui de prés ou de loin, lui a semblé suspect (et ça fait du monde.). Il semble qu'une véritable torpille ait été glissée par erreur dans l'approvisionnement du canon automatique. L'appareil est actuellement en cours d'examen, tandis que les techniciens chargés de son approvisionnement sont entendus par la police. Deux heures plus tard, les résultats des investigations confirment les premières hypothèses. Les heures suivantes apportent leur lot de précisions.

On découvre un ingénieux petit système de déclenchement à distance permettant de lâcher l'engin à un moment précis. Il y a donc bien eu homicide volontaire.

Un employé du lanceur craque et avoue. Pas grand-chose en fait, si ce n'est qu'il dit avoir été payé par un individu dont la description correspond à celle de l'homme vu avec Ron. Peu après, il est abattu en cherchant à s'évader.

Le commanditaire est connu des forces de police. Il s'agit d'un petit malfrat que les PJ ont pu apercevoir à plusieurs reprises errant autour des stands. Un jet d'intelligence permet d'ailleurs de se souvenir de l'incident entre Ron et son mystérieux interlocuteur...

Il fait partie des Narvals, un gang local de 12 individus.

Il ne vous reste plus qu'à mettre en scène un pseudo final avec une prise d'assaut en règle de leur cantina-QG, en collaboration avec la police locale. Visiblement, les commandos d'intervention ont reçu carte blanche pour faire place nette, ce dont ils ne se privent pas. L'attaque est un véritable carnage, filmé en direct. Pas un seul survivant du côté des Narvals, 3 morts et 8 blessés graves (dont un journaliste) du côté des "gentils".

Bref, encore une affaire classique de corruption qui tourne mal. Faute de rescapés, elle est rapidement classée...

 

Acte II - "Les trois sirènes" :

 

Oui, mais ?

 

S'ils sont malins, les personnages vont logiquement tiquer sur le dénouement de l'épisode précédent. Même s'il y a beaucoup d'argent à la clé, il y a des moyens beaucoup moins spectaculaires de contraindre un coureur à "lever le pied ". Et puis, il y a quand même un peu trop de coïncidences. Cet " ami " qui vient menacer Tylers juste avant son relais ; cet employé trafiquant le lanceur, connu des services de police et abattu fort à propos ; ce gang composé de " petits bras " bien trop stupides pour monter un tel coup ; et enfin la police qui mène l'enquête tambour battant et qui se contente un peu trop rapidement d'un résultat trop simple.

En fait, le maire de Tankilghan et les organisateurs craignent de désagréables retombées médiatiques. Cette course étant avant tout un formidable business, ils ont exigé un résultat propre, net et rapide. Dont acte...

Et ces mots mystérieux de Tylers, juste avant sa mort? Les personnages ne vont être guère avancés s'ils enquêtent dessus. " Ghost " n'a aucune signification dans le jargon des courses, ce n'est pas le nom d'un vaisseau ou d'une quelconque compagnie de transport, ce n'est pas un moyen de communication et encore moins le nom d'un bar ou d'une secte. Quant à " Foxy ", ce nom est probablement un diminutif. Mais de qui ?

S'ils décident de faire part de leurs doutes aux autorités locales, le commissaire chargé de l'affaire, un gros fonctionnaire détestant par-dessus tout l'imprévu, n'est pas du tout intéressé et visiblement très pressé de retourner à son train-train quotidien.

Bien évidemment, l'affaire n'a rien à voir avec le petit monde des courses comme vous pourrez le constater en lisant l'encadré Le Ghost.

 

Le Ghost

 

Sous le nom de Ghost se cache en fait un ancien groupe de mercenaires composé de 6 individus ayant effectué la sale besogne de la plupart des gouvernements en place depuis vingt ans.

Se faisant vieux (tout est relatif…), ses membres ont un jour décidé de cesser leurs activités. Ayant pris soin de ne jamais dévoiler leur identité à qui que ce soit, ils disparaissent dans la masse grouillante de l'humanité.

Tenez prenons Zeb Bremen, par exemple.

C'est une pourriture finie, un individu sans scrupules avide de pouvoir et d'argent. Après la dissolution du groupe, cet ancien commando devient pirate. Et puis un jour, malgré un sérieux handicap (il lui manque le bras gauche, un mauvais souvenir d'abordage), il épouse dame Fiorina. C'est une vielle fille, héritière de SeaFood, une agricorporation connue pour ravitailler sans discrimination toute organisation suffisamment riche pour pouvoir la payer. Devenu président du directoire du consortium, notre homme, habile politicien et fin manipulateur médiatique, est finalement nommé au Fond mondial de développement humanitaire en organisant des convois de ravitaillement d'urgence. Bref, une position rêvée pour un pillage en règle à grande échelle…

Bremen est donc un homme très important, mondialement connu. Et un ancien de Ghost commet l'erreur de vouloir en profiter en tentant un petit chantage. En réglant le "problème", Bremen prend conscience du harpon pointé sur lui. Il ordonne donc l'élimination des Ghosts.

Et Ron tylers dans tout ça ? Comme vous vous en doutez, il a compris en une fraction de seconde que son passé le rattrapait. Plus prévoyant que les autres, il avait cependant pris soin de confier à une amie très chère un enregistrement révélant l'identité du groupe plus quelques "dossiers chauds" à faire vaciller la plupart des gouvernements mondiaux. Cette amie se nomme Foxy…

 

Et maintenant ?

 

Il n'y a plus grand-chose à faire à Tankilghan, si ce n'est éventuellement participer aux cérémonies officielles, à la crémation de Ron et à subir l'assaut implacable des médias avides de sensationnalisme. Une journaliste est d'ailleurs particulièrement insistante. Les PJ la reconnaissent facilement, c'est la même qui s'est retrouvée coincée dans la bouche d'aération de l'hôpital. Elle n'est pas bien méchante, mais elle joue habilement de son charme indéniable pour obtenir " son " scoop.

La repousser est une erreur. " Miss Pulitzer " (un surnom dont elle est très fière) fait partie de ces fouineurs bourlinguant depuis longtemps dans les " eaux troubles " du monde de Polaris. Et, bien évidemment, elle sait qui se cache derrière le nom de " Foxy ". C'est une chanteuse qui travaille actuellement aux Trois sirènes, un club situé à Equinoxe. Se débarrasser de l'encombrante journaliste n'est pas chose facile. Faites-en un personnage comico-irritant redondant dans toute l'enquête qui va suivre, juste histoire de stresser un peu plus les PJ et, accessoirement, d'assurer leurs arrières au cas où…

Contrairement à ce qu'ils imaginent probablement, Les trois sirènes n'a rien d'un bouge infâme. C'est même plutôt le contraire. Il s'agit en fait d'un gigantesque complexe de loisirs: un hôtel de 300 chambres, sept restaurants à thème, 25 salles d'holociné, trois night-clubs, deux salles de concert, un zoo terrestre et des dizaines de casinos. L'ensemble est accessible à tous, même si une tenue correcte y est exigée et si les "délits de faciès" y sont assez fréquents.

On y trouve aussi le siège du Club des 1000, une association aussi mondaine que fermée, regroupant le gratin du gotha de la haute société équinoxienne. La sécurité y est encore plus pointilleuse que dans le reste du complexe (mieux équipée aussi) et il est évidemment extrêmement difficile d'y pénétrer. Et c'est justement là le défi que les PJ doivent relever, car Foxy y travaille en tant que meneuse de revue. Ne doutant pas de l'imagination débordante des joueurs, je vous laisse le soin de régler ces menus détails en n'hésitant pas à en rajouter dans le genre " éléphants dans un magasin de porcelaine ". Au cas où ils se distingueraient particulièrement par leur nullité crasse, sortez Miss Pulitzer de votre chapeau : en bonne professionnelle, elle a ses entrées partout...

Foxy était visiblement plus qu'une amie pour Ron. Apprenant sa mort, elle éclate en sanglots et paraît inconsolable. N'oubliez pas que c'est une comédienne, même si sa peine est réelle. Elle ignore absolument tout de Ghost. Impasse ? Pas tout à fait. Une fois mise en confiance et après avoir " testé " les PJ sur leurs intentions, elle finit par avouer que Tylers lui a confié un enregistrement destiné au culte du Trident, le cas échéant...

 

L'enregistrement :

 

Foxy conduit les PJ dans les sombres sous-sols d'un centre de retraitement des eaux usées et exhume un disque laser d'une cachette. Petit problème : il a été caché dans un conduit et a subi de gros dégâts dus aux produits acides servant de dissolvant. Une bonne partie du disque est abîmée, et n'est absolument pas récupérable. Le message est donc irrémédiablement tronqué. Ce qui reste est quand même diablement intéressant :

" Mon nom est Ron Tylers. J'ai un temps travaillé comme membre de Ghost. Demandez donc à votre grand chef de vous parler de l'Aquilae, du Sun Canyon ou de l'opération Astré... Règle numéro 1 : là où on passe, l'adversité trépasse. Règle numéro 2 : laisser toujours le coupable idéal derrière soi. ".

Une image apparaît alors sur l'écran. Le film, muet, dure à peine trois secondes. On y voit quatre individus en train de faire une bringue de tous les diables dans un lieu inconnu (et qui le restera à jamais...). Sur la table six verres, les reliefs d'un plantureux repas et un énorme gâteau d'anniversaire bien entamé. Dans un coin, un portemanteau. Dessus, une veste de treillis un peu particulière, puisque sa manche droite est nouée.

Noyez le poisson sur l'ensemble du décor, même s'il est très important pour la suite, donnez tout au plus l'impression que vous faites simplement votre boulot de MJ... L'image se fige, et la voix reprend : " Personne, je dis bien personne, ne connaît la véritable composition de Ghost. Ceci est le seul document oit nous sommes tous ensemble.

Si vous le voyez, c'est que je suis tombé de la passerelle... Le coup provient probablement de nos vénérables " amis " ou d'un " collègue ". Et comme on dit, à tangage, contre tangage... Laissez-moi faire les présentations : de gauche à droite, les braillards que vous pouvez voir sont John Roqual, Adrian Toungenstrof, Xykar le cyber et Mary Terplestrip. Nous fêtons ici... " (grésillements, fin du film).

 

 Arrêt sur image de la vidéo.

 

Acte III - Chasse aux Ghost :

 

Choix :

 

L'affaire prend donc des proportions inattendues. Que vont faire les PJ ? En fait, deux solutions s'offrent à eux.

Contacter le culte du Trident et lui remettre l'enregistrement. Les Veilleurs et les services de contre-espionnage du culte sont loin d'être des imbéciles, et ils finissent par remonter jusqu'à l'assassin. Cela nous conduit directement à la fin du scénario. Les PJ ratent la suite de l'histoire et, si tout rentre dans l'ordre pour eux, il y a cependant fort à parier qu'un jour ou l'autre, l'un des états dénoncés remonte la piste et leur fasse chèrement payer. Solution annexe : ils contactent le culte et demandent officiellement à participer aux recherches des autres membres de Ghost. Dans ce cas, l'histoire continue, un "parapluie" efficace ouvert au-dessus de leur tête...

Ils ne disent rien et décident de trouver eux-mêmes l'assassin. Bon courage, c'est terriblement risqué. Néanmoins, tout est possible, y compris la découverte du coupable. Au regard de l'énormité de la chose et surtout des moyens dont dispose Bremen pour se protéger, il y a de fortes chances qu'ils finissent tout de même par contacter le culte du Trident. Si vraiment les choses tournent mal ou s'ils s'obstinent à se diriger vers une mort annoncée, Foxy ou Miss Pulitzer le fait à leur place...

 

Les opérations citées :

 

L'Aquilae est un vaisseau de transport de luxe ayant fait naufrage il y a de cela dix ans. Fleuron de la Transatlantique de Navigation, le sous-marin était censé être " le vaisseau le plus sûr du siècle ". Il a sombré lors de son premier voyage, faisant 1587 morts et coulant du même coup sa compagnie, accusée d'avoir négligé les systèmes de secours. Deux mois plus tard, un navire du même type sortait des arsenaux des États du Rift.

Le Sun Canyon était un rêve idéaliste. Il s'agissait de construire une station puis un État indépendant permettant aux clans Metzens (les " romanos " des mers) d'avoir enfin un port d'attache. L'échec fut causé par l'assassinat d'Emiliano Liberdad, leur leader, par un obscur cousin éloigné. Depuis, les Metzens errent toujours... quand ils ne servent pas d'esclaves dans les mines hégémoniennes ou dans celles de la Ligue rouge...

L'opération Astré fut un choc émotionnel important pour toute la communauté terrienne. Il s'agissait du premier vol d'exploration visant à atteindre Olympe. La navette a explosé au décollage. Le coupable, un employé chargé de vérifier les joints d'isolation des servocontrôles du second booster, s'est par la suite suicidé. Un an plus tard, une nouvelle mission est partie avec à son bord, grande première, un astronaute originaire de la confédération d'Enderby. Si tout va bien, lui et ses dix-neuf compagnons arriveront autour de Saturne d'ici cinq ans...

Comme vous pouvez le constater, il n'y a pas grand-chose à glaner en suivant ces pistes, si ce n'est prendre conscience que c'est très sérieux. Reste que si vous avez l'inspiration…

 

Les anciens de Ghost :

 

Il vous faudra étoffer quelque peu les intrigues intermédiaires permettant de remonter jusqu'aux anciens du groupe.

John Roqual s'est lui aussi reconi,erti dans la piraterie, mais il a eu moins de chance que Bremen. Aux dernières nouvelles, il purge une peine incompressible de 874 ans dans une forteresse de l'Alliance polaire. Le climat y est très dur, trop dur. S'il est toujours vivant, il a " largué les amarres " depuis cinq ans. Comment faire parler un légume ? Et surgelé, en plus ?

Aux dernières nouvelles, Mary Terplestrip coule des jours paisibles en tant que directrice d'un centre caritatif dans les bas-fonds d'Azuria (République de Corail). En débarquant, les PJ apprennent que la présidente Trenton vient de décréter trois jours de deuil national pour honorer la mémoire de cette " mère Theresa " des temps nouveaux. Elle est morte d'une " maladie " Jusqu'alors inconnue (une création des Généticiens altérant la composition du sang qui, dés lors, agit comme un acide, malgré les transfusions totales).

Adrian Toungenstrof s'est retiré sur Nouvel Espoir, une station indépendante située dans la plaine abyssale de Demerara, non loin de Puerto Rico. Il est directeur d'un petit kolkhoze (125 personnes) qui survit tant bien que mal. Il est tout ce qu'il y a de plus vivant lorsqu'il rencontre les PJ. Reste qu'il ne comprend rien, mais vraiment rien, à ce qu'on lui raconte. Et pour cause, c'est un proteus (p. 236) qui vit sa vie sans rien savoir des agissements passés de son enveloppe corporelle. Il n'est pas du tout agressif. Si on le bouscule un peu trop, il cherche à regagner l'océan où il reprend sa forme initiale avant de détaler sans demander son reste. Au fait, la communauté du Nouvel Espoir aime beaucoup son patron... Conclusion logique : si un proteus est devenu Adrian, c'est que l'original est tout ce qu'il y a de plus mort !

Xykar le cyber est celui par qui tout est arrivé. Reconverti dans la profession de gladiateur à Nazca (Ligue rouge), il a sombré dans la dèche et l'alcoolisme. En contactant Bremen, il espérait un petit boulot pépère. Devant son refus, Xykar a laissé entendre que... Il est mort trois jours après, d'une cirrhose mutagène aggravée par un très mauvais coma éthylique provoqué par une bouteille un peu spéciale...

 

Et Bremen dans tout ça ?

 

Bremen finit bien par s'apercevoir que des fouineurs enquêtent sur ses anciens compagnons. Dés lors, la chasse à l'homme s'organise. Au mieux, il s'agit de quelques assassins, au pire de commandos spéciaux de l'Hégémonie qu'il a pris soin de contacter... anonymement, bien sûr. Une seule variable va faire hésiter notre homme : Miss Pulitzer, la journaliste. Son nom est souvent synonyme de scoops retentissants. Si vraiment les choses tournent mal et s'il apprend qu'elle est très liée avec les PJ, il cherche avant tout à récupérer d'éventuelles preuves en ordonnant l'enlèvement de tout le monde. Dans ce cas, à vous d'imaginer une base secrète, de jouer Bremen comme un grand vilain vantard et d'organiser un final " évasion " digne d'un James Bond...

 

Acte IV - "Mais y sont tous morts !"

 

Le plus ténu des indices :

 

Tous morts ? Eh bien oui... ou plutôt non, si les PJ font bien attention aux quelques secondes de film dont ils disposent. Et c'est là que tout va se jouer. Qu'y voyons-nous ? Un groupe de quatre personnes en train de faire la bringue. Visiblement, il s'agit d'un anniversaire ou de quelque chose d'approchant (le gâteau). Sur la table et entre les mains des convives, six verres. Six ? II manque donc deux personnes. Logiquement, même s'ils n'y pensent pas tout de suite, les PJ vont finir par se demander qui a pris ce fichu film. ils vont donc l'éplucher dans tous les sens...

Jouez à fond avec leurs nerfs. Comment s'y prennent-ils ? Où travaillent-ils ? Qui mettent-ils dans là confidence ? Laissez entendre qu'ils ne trouvent rien puis lâchez cette perle de sadisme " MJesque " : en utilisant un très bon logiciel de retouche photo doté de fonctions de morphing, il est possible de reconstituer le cameraman à partir des reflets sur les verres et les glaçons. C'est Ron Tylers !

Reste un convive. En fait, la solution est plutôt " multimédia " et les indices sont éparpillés non seulement sur l'image, mais aussi dans les dires de l'ami Ron. Selon son enregistrement, ils fêtent quelque chose et c'est une bande de braillards. C'est là que le talent " lecture sur les lèvres " sert enfin à quelque chose. Le film a immortalisé la prononciation de quelques syllabes. Et donc, grosso modo, on obtient " ni, ver, bre " ou quelque chose d'approchant.

Secundo, la veste de treillis à la manche nouée. Pourquoi ? Un manchot peut-être... De plus, en cherchant vraiment bien (si un PJ vous le dit très précisément) on peut obtenir un minuscule morceau de la bande patronymique, au-dessus de la poche de poitrine : " em ".

Conclusion, la fête fut probablement organisée en l'honneur d'un militaire manchot dont le nom comporte les syllabes " bre " et " em ". Reste à faire le rapprochement avec le très médiatique membre du Fonds mondial de développement humanitaire, qui porte une prothèse mais qui, dans de nombreuses interviews, à raconté l'histoire (totalement fallacieuse) de sa " blessure de guerre". Bremen fait souvent la une en ce moment, ne serait-ce que pour la fête monstrueuse qu'il se prépare à donner pour ses cinquante ans. Au pire, si Miss Pulitzer est avec eux, elle le mentionnera en passant... après tout, elle vit par et pour " les news ", et Bremen est un personnage public.

 

Conclusion :

 

La fin du scénario est assez ouverte. Il y a de fortes chances que les PJ aient déjà contacté le culte du Trident. Dans le cas contraire, ils vont probablement le faire maintenant. Bremen étant intouchable à leur niveau, vous avez le choix entre plusieurs fins.

Il " disparaît " mystérieusement quelques jours plus tard (les Veilleurs? Un ancien employeur pas vraiment à l'aise ?).

Il est spectaculairement arrêté pendant la réception qu'il donne pour ses cinquante ans. Baston générale ou digne sortie d'un homme qui, de toute façon, se sait intouchable à cause des secrets qu'il détient ?

Il s'enfuit en sentant le vent tourner (ennemi récurrent, implacable et très motivé).

Il meurt, se rend ou s'enfuit pendant l'assaut de sa base si les PJ se sont fait enlever.

Quoi qu'il en soit, la station de Zuigwald finit par être secourue, une importante organisation pirate est démantelée (ou du moins mise en sommeil s'il parvient à fuir) et Canal 27 News annonce que finalement, la conférence mondiale pour le futur de l'humanité va enfin avoir lieu. Décidément, les diplomates du culte du Trident ont bien du talent...

 

Les PNJ : 

Les Tritons : 

Comme le chasseur Trident (p. 221), sans arme ni défense, avec accélération 9.

  

Les Coureurs : 

Comme le pilote de chasseur (p. 245).

  

Les flics, veilleurs, gardes et "cavalerie" : 

Comme les Veilleurs ou les soldats (p.246).

  

Les Narvals : 

Comme les charognards (p. 244), avec talents à -2, et équipement réduit.

  

Miss PULITZER : 

Utilisez le diplomate (p. 245).

  

Foxy : 

Même chose mais remplacez politique par spectacle.

  

La bande de Bremen : 

6 assassins (p. 244), 48 pirates dans la base (p.246), +1 techno hybride (p. 246) sous couverture si ça tourne mal.

  

Adrian TOUNGENSTROF : 

C'est un proteus (p.236).

  

Auteur : Philippe RAT,

Illustration : David COCHARD,

Mis à jour pour la seconde édition de POLARIS par : Laurent BUISSON.